Maladies et infections sexuellement transmissibles : se faire dépister
Les Infections Sexuellement Transmissibles (IST) sont souvent silencieuses et peuvent être transmises sans le savoir. La protection, la prévention et le dépistage sont essentiels pour les éviter et pour se soigner le plus tôt possible.
L’essentiel
- Les IST peuvent se transmettre lors des rapports sexuels avec ou sans pénétration.
- Elles sont en recrudescence en raison du relâchement de la prévention et d’une reprise des conduites à risque.
- Il est recommandé de consulter sans tarder après une conduite à risque et/ou en présence de symptômes.
- Le dépistage est essentiel ; il permet un diagnostic et un traitement précoces.
- Le préservatif est le meilleur moyen de protection contre les IST.
Qu’est-ce que les IST ?
Ces maladies sont le plus souvent transmises au cours de relations sexuelles, avec ou sans pénétration, le plus souvent lors de rapports non protégés. Elles sont causées par des bactéries, des virus ou des parasites.
Liste des principales infections sexuellement transmissibles
Il existe à ce jour une trentaine d’IST.
Les plus fréquentes sont :
- parmi les IST bactériennes : la syphilis, la gonorrhée, la chlamydiose et l’infection à mycoplasmes ;
- parmi les IST virales : l’hépatite B, l’herpès génital, le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et le papillomavirus humain (VPH) ;
- parmi les IST parasitaires : la trichomonase.
A titre d’exemple :
Le VIH : IST parmi les plus connues
Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) cause un affaiblissement du système immunitaire et passe très souvent inaperçu. En l’absence de traitement, les personnes atteintes deviennent plus vulnérables face aux affections et à certains cancers. La maladie évolue alors vers le sida (syndrome d’immunodéficience acquise).
Le dépistage précoce de l’infection par le VIH, par rapport à la date de contamination est essentiel.
Il est important sur le plan à la fois individuel et collectif.
Il permet :
- d’éviter la contamination si le traitement est initié le plus rapidement possible, de préférence dans les 4 premières heures, au plus tard dans les 48h, après un rapport à risque (traitement post exposition au VIH, généralement appelé « traitement d’urgence»),
- de faire bénéficier à la personne contaminée d’un traitement d’autant plus efficace qu’il est commencé tôt, avec une espérance de vie qui se rapproche de celle de la population générale,
- de diminuer le risque de transmettre le virus.
À noter, qu’il existe une prévention de la préexposition au VIH (la PrEP) pour les adultes à haut risque de contamination.
Cette prophylaxie de préexposition s’inscrit comme un mode de prévention complémentaire aux autres mesures préconisées pour prévenir l’infection par le VIH : utilisation du préservatif (qui protège contre le risque d’autres IST), dépistage régulier du VIH, prophylaxie post-exposition et, chez les personnes séropositives, traitement antirétroviral.
Le dépistage du VIH est recommandé de façon régulière dans certains cas ;
Sont concernés :
- les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes,
- les utilisateurs de drogues injectables,
- les personnes originaires de zones où l’infection HIV est fréquente et notamment l’Afrique subsaharienne et les Caraïbes.
Le dépistage est recommandé ponctuellement dans les circonstances suivantes :
- pour un couple qui a le projet d’avoir un enfant ou lors de la grossesse ;
- lors d’une première prescription de contraception ;
- en cas de projet d’arrêt du préservatif ;
- en cas de demande d’interruption volontaire de grossesse ;
- après un viol ;
- en cours d’incarcération ;
- après une exposition à un risque de contamination par le VIH (risque sexuel, sanguin ou professionnel) ;
- lors du diagnostic d’une infection sexuellement transmissible (IST), d’une hépatite B ou hépatite C ou d’une tuberculose ;
- en présence d’un tableau clinique évocateur.
Par ailleurs, toute personne peut se faire dépister quand elle le souhaite, quelle que soit la raison qui la conduit à cette démarche.
Toute personne, hors risque d’exposition à un risque de contamination, devrait faire un test de dépistage VIH au moins une fois dans sa vie entre 15 et 70 ans.
Les infections à Chlamydia : IST parmi les plus fréquentes, souvent méconnue car peut évoluer à bas bruit, sans symptômes
Les infections à Chlamydia (chlamydiose) sont souvent asymptomatiques. La contamination passe inaperçue la plupart du temps car il y a peu de symptômes, voire pas du tout. Elles peuvent atteindre aussi bien les femmes que les hommes. Le traitement de ces IST est très simple et très bien toléré ; il repose sur les antibiotiques.
Mais faute de symptômes, les infections à Chlamydia peuvent ne pas être dépistées et traitées, ce qui expose à des complications.
Les complications possibles d’une infection à Chlamydia non traitées :
- Chez la femme : risques de salpingite (infection des trompes utérines), de stérilité, de grossesse extra-utérine et d’atteinte du nouveau-né si la mère est infectée.
- Chez l’homme : inflammation des testicules et épididymes, de la prostate, syndrome de Fiessinger-Leroy-Reiter (Polyarthrite réactionnelle à une infection génitale).
Comment se transmettent les IST ?
Pendant les relations sexuelles
Les modes de transmission sexuelle sont multiples : la pénétration vaginale ou anale est le mode le plus répandu, mais parfois un simple contact de muqueuse à muqueuse peut suffire. On peut donc avoir contracté une IST lors d’un rapport sexuel, qu’il y ait pénétration ou non, et quel que soit le sexe de son partenaire.
Pendant la grossesse
Certaines IST peuvent aussi être transmises de la mère à l’enfant pendant la grossesse et lors de l’accouchement :
- la chlamydiose ;
- la gonorrhée ;
- l’hépatite B ;
- l’infection à VIH ;
- la syphilis.
À noter que le VIH peut aussi être transmis lors de l’allaitement.
Quels sont les symptômes des IST ?
La plupart des IST peuvent être asymptomatiques
Le plus souvent, les IST sont asymptomatiques. Elles ne présentent pas forcément de symptômes spécifiques qui pourraient inciter à se faire dépister. Elles peuvent donc être transmises sans le savoir et nécessitent d’autant plus de vigilance.
Les mesures de précaution :
Les préservatifs protègent efficacement mais pas à 100%. En effet, les caresses et les rapports bouche-sexe sont aussi des occasions de transmission. D’où l’importance de se faire tester régulièrement en cas de rapports sexuels non protégés ou en cas de partenaires multiples.
Il est recommandé d’avoir recours au dépistage au moindre doute et surtout en cas de situation à risque :
- si vous avez eu des rapports non protégés ;
- si vous avez plusieurs partenaires sexuels ;
- si vous avez un nouveau partenaire régulier ;
- si vous avez déjà eu une IST.
Les signes qui doivent alerter
Il existe certains symptômes communs aux IST, parmi lesquels :
- l’inflammation des organes génitaux (rougeurs cutanées et augmentation de volume du scrotum (enveloppe des testicules) ou des grandes et petites lèvres du périnée) ;
- un écoulement par le pénis ou des pertes vaginales anormales (une couleur et/ou une odeur inhabituelles) ;
- des brûlures en urinant ;
- des douleurs pendant les rapports sexuels ;
- les lésions des muqueuses ou de la peau au niveau des organes génitaux ;
- des douleurs au bas de l’abdomen ;
- une tuméfaction (ganglions) de l’aine ;
- de la fièvre et de la fatigue.
En présence de ces signes et après un comportement à risque, il est recommandé de consulter un médecin sans attendre.
Protection et dépistage :
Les moyens de prévention des IST
Le préservatif est le moyen de protection le plus efficace
Pour se protéger ainsi que ses partenaires, le préservatif (féminin ou masculin) reste la meilleure solution. Il est conseillé d’en utiliser un à chaque rapport, tant qu’il n’est pas certain que le partenaire ne présente pas d’IST.
Mais il existe des exceptions. Dans deux situations précises, le préservatif ne protège pas totalement :
- infections à papillomavirus ;
- primo-infection et poussées d’herpès génital car le risque de contamination est trop important. Dans ce cas précis, mieux vaut éviter les relations sexuelles même protégées.
Les moyens de dépistage
Plusieurs examens permettent de dépister les IST :
- examen médical
- bilan sanguin ;
- prélèvement local (frottis vaginal par exemple) ;
- analyse d’urines.
Le dépistage est possible dans :
- les laboratoires d’analyse ;
- les centres gratuits d’information de dépistage et de diagnostic (CEGIDD) ;
- les centres de santé sexuelle (anciennement centre de planification et d’éducation familiale : CPEF);
- les centres de PMI (protection maternelle et infantile)
- certaines structures associatives locales.
À noter que l’accompagnement par le médecin, le gynécologue ou la sage-femme est important dans la prise en charge en cas de suspicion d’IST.
Plus le dépistage est précoce, plus il est possible de mettre en place un traitement précoce. Cela permet de bénéficier d’une meilleure prise en charge avec de meilleures chances de guérison.
En cas d’IST :
- Suivez bien le traitement prescrit : les traitements permettent le plus souvent de guérir et au minimum d’empêcher l’évolution de certaines infections ;
- Protégez-vous pendant votre traitement : durant votre traitement, vous êtes toujours contaminant ! Il est donc préférable de ne pas avoir de rapports sexuels pendant les 7 jours suivant le traitement ;
- Parlez-en à votre partenaire : afin qu’il se fasse dépister et traiter et pour éviter tout risque de recontamination ;
- Faites-vous régulièrement dépister.
Les vaccins : papillomavirus et hépatite B
Toutes les IST ne sont pas éligibles à la vaccination sauf l’hépatite B et les infections à papillomavirus
- La vaccination contre l’hépatite B est obligatoire pour les nourrissons de plus de 2 mois nés après le 1er janvier 2018, pour les professionnels de santé et les étudiants en filière médicale et paramédicale. Un rattrapage peut être proposé aux adolescents de moins de 16 ans.
Elle est recommandée pour les enfants et les adolescents de moins de 16 ans non encore vaccinés et pour les personnes qui présentent un risque élevé de contracter la maladie : personnes ayant des comportements à risque (partenaires sexuels multiples, usagers de drogues par voie intraveineuse) ainsi que les personnes incarcérées, sans domicile fixe, originaires d’Afrique subsaharienne, etc.
- Les enfants nés d’une mère atteinte d’hépatite B active reçoivent un vaccin dans les vingt-quatre heures suivant la naissance, accompagné d’anticorps contre cette maladie.
- La vaccination contre l’hépatite B permet de prévenir efficacement la maladie.
- La vaccination contre le papillomavirus est recommandée aux filles et aux garçons âgés de 11 à 14 ans révolus.
- La HAS recommande :
- L’élargissement de la vaccination anti-HPV par GARDASIL 9 pour tous les garçons de 11 à 14 ans révolus selon un schéma à 2 doses à 6 mois d’intervalle (applicable en janvier 2021),
- Un rattrapage possible pour les adolescents et jeunes adultes de 15 à 19 ans révolus selon un schéma à 3 doses (M0, M2, M6),
- Le maintien d’une recommandation vaccinale spécifique par GARDASIL 9 pour les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes jusqu’à 26 ans révolus selon un schéma à 3 doses.
À noter : si le préservatif est également un moyen contraceptif, toutes les contraceptions ne protègent pas contre les IST.
Ainsi, les autres moyens de contraception ne permettent pas d’éviter de transmettre ou de contracter une IST :
- la pilule ;
- le stérilet ;
- l’implant ;
- le patch ;
- l’anneau contraceptif ;
- les spermicides.
Ce sont des moyens contraceptifs dont la finalité est uniquement d’éviter une grossesse non désirée.